Simone de Beauvoir : Le deuxième sexe

L’hypothèse qu’elle cherche à explorer est qu’il n’y a pas d’essence de la femme : le
fait que la femme est femme n’est pas ancré dans la nature ou dans une seule cause
psychologique ou sociale. Au contraire, il faut parler d’un « devenir femme », qui
définit les femmes par rapport aux hommes dans la société, avec tout un faisceau
de causes.

Comment on peut dire « ce sont des femmes » ? À quoi fait-on référence ?
Comment peut-on ajouter « la féminité se perd » ?

Simone de Beauvoir pose la question de l’essentialisation. Elle remarque, à la suite des premiers mouvements féministes, que la société a regretté la perte de la femme. Il faudrait donc plus que la simple présence de caractéristiques biologiques – les ovaires ou l’utérus par exemple – pour être femme.

La question est donc celle de la féminité. Elle distingue l’approche biologique selon laquelle être une femme, c’est être femelle, de l’approche essentialiste selon laquelle il y aurait une idée, une essence de la femme, à laquelle tout individu femme participerait en partageant des caractéristiques communes.

Elle met en doute ces deux approches par le constat que les sciences mettent en question cette idéede comportements fixes : le caractère dépend d’une situation dans laquelle un individu se trouve.

Pour autant, elle ne nie pas l’existence de traits féminins, mais montre qu’une identité n’est pas
abstraite, mais concrètement située dans le monde. Autrement dit, l’identité qui nous est donnée fait partie de nous et nous devons l’assumer. Nier cette identité en disant « nous sommes tous des humains » ne permet pas de comprendre la spécificité de notre situation.

Qu’est-ce qu’une femme si ce n’est pas qu’une femelle ? Et pourquoi la question se pose pour la femme, mais pas pour l’homme ?

La situation de la femme a ceci de singulier qu’elle se pose face à l’homme. L’homme se pense comme à la fois le masculin et comme le neutre, et non comme le mâle. Il est le point de référence :
il ne dit pas qu’il est homme. La femme, elle, va se définir par conséquent par rapport à lui. En écrivant « elle se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle, elle est l’inessentiel en face de l’essentiel. Il est le Sujet, il est l’Absolu : elle est l’Autre », Simone de Beauvoir souligne les différentes façons dont les identités de l’homme et de la femme se pensent.

Elle introduit ici des concepts clefs pour sa compréhension de l’identité. D’un côté, l’un se pense en toute indépendance (absolu), comme un sujet conscient dirigeant sa volonté, sa raison à son gré ;
il est l’essence, la nature de l’humanité. De l’autre côté, la femme n’est pensée et ne se pense que par rapport à cette autre pensée, cette autre conception. Elle se définit comme femme par rapport à l’homme, elle est l’objet face au regard du sujet.

Comment comprendre cette opposition de l’homme et de la femme ?

L’autre est une catégorie fondamentale de la pensée. Elle est présente dans la pensée platonicienne, où les catégories du « même» et de « l’autre» sont considérées comme fondamentales. Elles permettent de constituer un groupe, une dualité. Beauvoir s’appuie sur les recherches ethnologiques de Lévi-Strauss pour montrer que la création de cette opposition du « nous » et du « eux » fait le passage entre l’état naturel et l’état de culture. Elle utilise ensuite la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel pour montrer que la structure fondamentale de la conscience et de l’identité est dans cette altérité qui nous distingue.

Hegel, dans La phénoménologie de l’esprit, développe une thèse célèbre : quand deux consciences se rencontrent, un combat se déroule pour faire reconnaître à l’autre sa conscience et sa liberté. Ce combat est un combat à mort : il faut montrer à l’adversaire que notre liberté vaut plus que notre vie. Celui qui gagne, prenant le risque de la mort, pourra soumettre le second à sa volonté et en faire son esclave. L’esclave travaille pour le maître et, dans
l’apprentissage qui s’en suit, finit par développer une liberté plus concrète que celle du maître.
Néanmoins, cet affrontement est plus tempéré dans le cadre de la société : il y a reconnaissance réciproque de nos libertés. Cet affrontement finit donc par entraîner une reconnaissance réciproque. Or, la femme reste l’autre de l’homme, elle n’obtient pas la reconnaissance. Pourquoi la femme continue à se penser par rapport à l’homme ?

Pourquoi la femme continue-t-elle à se penser comme l’autre de l’homme ? Pourquoi cette absence de réciprocité ?

Simone de Beauvoir fait plusieurs hypothèses pour montrer la singularité de la situation de la femme.

La première hypothèse : ce qui permet de poser une communauté comme autre c’est le nombre.Il faut qu’elle soit la minorité. Ce fut le cas des juifs en Allemagne. Mais la femme n’est pas une minorité ; elle compose la moitié de l’humanité et n’a jamais constitué une communauté séparée.
La seconde hypothèse : la situation doit se comparer à celle du prolétariat. Le prolétariat n’est pas minoritaire et fait partie de la même tradition que ceux qui l’exploitent. Mais le prolétaire est une réalité historique : il est apparu dans un contexte ; il peut se grouper et changer les choses.

Dans l’absolu, les autres groupes sociaux opprimés pourraient rêver une élimination des oppresseurs, cependant les femmes ne peuvent se débarrasser de tout homme. Ils sont unis.
La femme est donc l’autre ; mais son altérité a ceci de spécifique qu’elle n’est ni historique ni contingente : les deux genres face à face sont nécessaires l’un à l’autre. Cette réciprocité n’a pas
participé à sa libération pour deux raisons. D’abord, l’opprimé intériorise le besoin de l’oppresseur.

Ensuite, parce que participer à ce besoin, même si cela suppose la soumission, donne aussi des avantages qu’il est difficile de quitter. Nous refusons notre liberté par lâcheté, par facilité, ou parce que la situation nous empêche de la saisir.

Comment toute cette histoire a-t-elle commencé ? Si la dualité des sexes s’est traduite en conflit, comment se fait-il que le conflit se soit autant résolu en faveur de l’homme ?

Ici, Simone de Beauvoir montre tout l’arbitraire et la suspicion que nous devons avoir pour les justifications proposées des rôles sociaux. En effet, elle cite diverses références philosophiques, historiques ou religieuses, pour montrer qu’il y a eu un effet de justification et de nivellement des statuts.

La philosophie de Beauvoir rejoint les philosophies du soupçon, comme celle d’un Nietzsche qui réclame qu’on se demande « qui écrit » face à un texte, c’est-à-dire : quelle est sa situation ? Quel intérêt a-t-il à défendre un tel point de vue ?
Ainsi, l’homme qui écrit est partie prenante dans le conflit entre le sujet et l’autre : il défend un point de vue. Chaque écrit sur la femme est empli d’une justification douteuse de son rôle et de son statut, empli aussi de contradictions. Dans la première partie du Deuxième Sexe, elle interroge ces différents mythes que nous avons écrits pour décrire et justifier le statut de la femme. Elle montre, à l’aide de l’exemple des juifs ou des noirs américains, que la même lutte s’engage à partir de dénigrements et de justifications. Nous tendons à donner un être, une essence éternelle, à un individu en fonction du groupe auquel il appartient. En vérité, « être » revient à « être devenu », puisque nous avons été constitués. Elle reprendra cette idée quand elle écrira « on ne naît pas femme, on le devient ».

Cette opposition doit-elle continuer ? Ou, plus exactement, quel intérêt tirons-nous de la continuation de cette opposition ?

Il y a là un enjeu politique et social : la demande de droits supplémentaires est mal vécue par ceux qui dominent. Avec force d’ironie, elle décrit les propos d’un auteur français : Mauriac. Elle montre que derrière son mépris, il revendique la supériorité masculine comme une supériorité personnelle : en appartenant au même groupe social que des génies masculins, nous sommes un peu génie nous mêmes. Dans la construction de soi, nous voyons donc qu’il y a un regard historique qui constitue notre identité.

Elle construit aussi une typologie de l’altérité. Il y a l’autre, presque ennemi, qu’il faut dévaloriser pour se valoriser – l’étranger, la marâtre – mais il est également possible de poser l’autre comme semblable avec qui nous partageons des traits communs et en qui nous pouvons nous reconnaître. Elle décrit enfin la différence entre égalité et liberté concrètes et abstraites. Nous posons abstraitement l’autre comme une liberté et ainsi comme égal à nous. Mais nous observons concrètement qu’il y a des différences dans les faits – la femme qui ne travaille pas par exemple : ainsi, il n’y a pas d’égalité de fait, mais seulement de principe ; et donc il n’y a pas de liberté non plus dans les faits. La femme reste dépendante de l’homme malgré les affirmations masculines.

Comment éviter une discussion vaine et analyser sans parti pris la question ? Que propose d’original cet ouvrage ?

Hommes comme femmes sont juges et partis dans cette question : ils tranchent, mais ont un intérêt dans la réponse apportée. Le risque est de continuer dans l’opposition creuse d’arguments.

Beauvoir se réfère rapidement au paradoxe du Crétois qui dit : « tous les Crétois sont des menteurs ». Ce qu’elle souhaite souligner est le sophisme qui consiste à réduire un être à des caractéristiques. Ainsi, ce n’est pas parce que nous sommes Crétois que nous mentons.

L’homme et la femme sont « en situation », plus ou moins incités à chercher la vérité et les causes de la situation à laquelle ils sont soumis. Nous retrouvons ici un déterminisme : des causes agissent sur nous et, si nous voulons nous en libérer, il faut en prendre conscience.

La femme prend conscience de son statut subi : « autre » par rapport aux hommes. Son but va donc moins être de revendiquer des droits, mais d’analyser le monde féminin afin de mieux articuler la politique à la réalité.

L’auteure reconnaît un parti pris, l’objectivité étant impossible, mais ce parti pris est riche de sens et il s’agit de le comprendre et le garder en tête.

Le parti pris est décrit comme une morale existentialiste :
« tout sujet se pose concrètement à travers des projets
comme une transcendance ; il n’accomplit sa liberté que par
son perpétuel dépassement vers d’autres libertés ; il n’y a
d’autre justification de l’existence présente que son expansion
vers un avenir indéfiniment ouvert ».
Cela signifie que nous agissons sans cesse pour nous exprimer
comme liberté à travers nos actes, dans le monde et
par rapport aux autres. Il n’y a pas d’autres sens ou valeurs
à chercher que ceux que nous donnons à nos actes. Quand
cette liberté est restreinte, l’individu ne peut s’exprimer par
les actions qu’il souhaite, ou il décide de diminuer sa capacité
d’action et de subir une valeur qui lui est extérieure,
c’est alors une faute envers lui. Si nous l’en empêchons, nous
l’opprimons. Simone de Beauvoir conclut que la particularité
du sujet féminin est que nous ne cessons de lui imposer
un projet qu’elle n’a pas choisi : celui d’être une femme, qui
doit correspondre à un type. Elle est donc déterminée par un
regard extérieur qui la considère toujours simplement relativement
à lui.
Elle demande à travers son ouvrage quelles sont les voies
ouvertes aux femmes, quelles sont les situations concrètes
d’indépendance ou d’impasse qu’elles rencontrent.
Dans ce texte, nous retrouvons donc ce que vit chaque
sujet qui s’éprouve comme liberté, peu importe sa situation
sociale. Mais Simone de Beauvoir décrit concrètement le
monde féminin, le regard que nous portons sur lui, l’histoire
féminine, les situations concrètes et la place de la femme
au sein de la société ; elle révèle ce qui détermine concrètement
une identité en situation, une liberté en situation, une
conscience en situation.

Ce livre est considéré comme l’un des ouvrages majeurs du
féminisme : il cherche à décrire dans les moindres détails le
statut de la femme.
L’ouvrage est particulier, car il est aussi teinté d’autobiographie,
surtout s’il est mis en rapport avec Les mémoires d’une
jeune fille rangée, autre ouvrage de Simone de Beauvoir.
Il reprend les grandes approches philosophiques de son
époque :
l’existentialisme, la phénoménologie et le matérialisme historique
des marxistes, mais avec un angle et une approche
le rendant plus concret.
Simone de Beauvoir utilise les méthodes qui lui sont proposées
non plus pour traiter de problèmes universels, mais en
étudiant des situations concrètes permettant de mobiliser
les concepts et de saisir ce qu’ils apportent pour comprendre
le monde qui nous entoure.

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Rabelais : Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

En ces temps moroses qui voient un objet de 0,125 micron perturber le quotidien de l’humanité tout entière, provocant ici et là désolation, souffrance et mort, les sciences médicales ont été et sont encore convoquées pour leurs savoirs, mais elles sont aussi mises à l’index. Elles le sont afin d’éradiquer le vilain virus tandis que quelques ignorants les accusent de l’avoir fabriqué. Autrement dit des scientifiques auraient ici joué aux apprentis sorciers. Ce qui est mal et de rappeler à l’envie cette fameuse sortie rabelaisienne, extraite de son contexte littéraire et historique : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Recontextualisons-la d’abord dans le roman de Rabelais (1483 ou 1494-1553), puis historiquement.

Cette citation provient d’une longue lettre édifiante que Gargantua adresse à son fils Pantagruel dans « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme » (1532).

Ce qui en d’autres termes pourrait se traduire par : « un mauvais gars ne saurait atteindre la sagesse, et savoir sans comprendre ruine l’entendement ». Au XVIe siècle « science » s’entend comme « Connaissance exacte qu’on a de quelque chose » ou dans l’extrait « Connaissance de certaines choses qui servent à la conduite de la vie ». « Conscience » se lit ici comme « compréhension » ou savoir qu’on sait. Et « âme » comme l’ensemble des facultés intellectuelles, « l’entendement ». (Littré et Dictionnaire de l’Académie française). Autant dire que cela nous éloigne déjà du sens que la doxa lui donne.

Une discussion entre Gargantua et Pantagruel

Dans cette lettre de Gargantua à son fils Pantagruel, où il lui conseille de se bourrer de savoir livresque, Rabelais dresse en une violente et « pantagruélique » critique les méthodes d’apprentissage des théologiens sorbonnards. Ces intellectuels, dont l’un d’entre eux Robert de Sorbon fonda le Collège de Sorbonne au XIIIe siècle, étaient chargés de l’étude des questions religieuses et du salut de l’homme en ne s’appuyant que sur les Écritures et la Tradition. À l’époque de Rabelais, ils étaient si puissants que François 1e, monarque éclairé, fonda en 1530 le Collège royal qui devint le Collège de France pour contrebalancer leur pouvoir. D’où les attaques ironiques et mordantes de Rabelais protégé du roi.

On est alors en pleine Réforme et la Contre-Réforme pointe le bout de son nez. Le bon chrétien Rabelais qui est alors protégé par François 1e, le cardinal du Bellay et par la sœur du roi, Marguerite de Navarre, ne s’en tient pas seulement à la critique des méthodes d’apprentissage, mais aussi, proche par Marguerite des évangélistes du XVIe siècle, à une attaque féroce des théologiens-rhéteurs de la Sorbonne qui se veulent les seuls gardiens du temple de la chrétienté.

Si l’on s’en tient à la signification qui lui est donnée aujourd’hui et à ce que ce terme de Science recouvre, elle reste encore incorrecte, parce qu’elle se réfère à la situation imaginaire du savant solitaire enfermé dans sa tour qui jamais ne fut d’ivoire.

Même s’il est aussi médecin, Rabelais est avant tout écrivain et l’un des meilleurs de langue française. Rabelais connait sa rhétorique et ses figures de style comme cette polyptote qui sonne bien puisque l’on y trouve en trois mots différents deux fois « science ». Mais cette science au singulier, parce qu’elle a aujourd’hui un autre sens, est de plus en plus souvent évoquée, invoquée ou convoquée. À « ce monstre monolithique » (Feyerabend) il manque son menu quotidien, aussi bien dans des textes académiques que dans sa médiatisation. Ainsi mise au singulier elle n’est pas la bienvenue dans le domaine de l’historien des sciences qui les préfère incarnées et contextualisées au pluriel et en minuscule.

Doit-on parler de la science ou des sciences ?

Autrement dit, de quoi est fait, non pas « la Science », cet universel, que l’on va jusqu’à fêter, qui ne recouvre sentencieusement qu’une idée, mais le quotidien d’un laboratoire et d’un chercheur scientifique ; modeste menu pourtant savamment étudié par une littérature abondante. Il se satisfait encore moins de cette « culture scientifique », que le coronavirus a soudain mis en lumière, parce qu’elle met les disciplines scientifiques en dehors de la culture elle-même, comme si elles se tenaient en marge du monde politique, économique et social.

Comme disait un ami et collègue, le professeur Ruano-Borbalan, « Epistémologie sans logistique n’est que ruine de la recherche ». Les savoirs scientifiques se forgent sur un temps long, à grande peine et contraintes, au sein de disciplines scientifiques diverses, dans des laboratoires hétérogènes, eux-mêmes dépendants d’établissements publics ou privés, plus ou moins bien administrés et plus ou moins bien financés, sans d’autres rapports entre eux que d’en produire de discutables et de réfutables.

Regrouper au sein d’une même appellation : la mécanique des fluides, la sociologie, la linguistique et la biologie, les essentialise et interdit une salutaire et raisonnable critique de leurs productions respectives. Le singulier et la majuscule font de ces multiples activités, historiquement datées, épistémologiquement délimitées et économiquement cadrées, une sorte de divinité unique en laquelle il conviendrait de croire ou ne pas croire, animée par des prêtres, arrogants et lointains, jaloux de partager leurs savoirs.

Parler de « culture scientifique » au lieu de « composantes scientifiques de la culture » rajoute à cette sanctification et tend à isoler des activités sociales parmi d’autres plutôt que de les rapprocher de l’ensemble des activités humaines. Alors, parlons de sciences, au pluriel et en toute conscience, parce que ces savoirs produits sont discutables, sous peine de ne pas être scientifiques, et qu’ils ne valent guère mieux que ceux du boulanger.

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L’Intelligence Artificielle au cinéma

Qui n’a pas versé une petite larme sur le sort réservé au petit David, enfant robot capable de développer un vaste répertoire d’émotions et de souvenirs, finalement rejeté par les humains (film de Steven Spielberg en 2001) . On y retrouve l’ancien thème de Pinocchio.

Le cinéma s’est emparé depuis ses débuts de sujets techniques. Les scénaristes n’ayant pas la contrainte du réel peuvent donner libre court à leur imagination et mettre en scène des thèmes qui leurs sont chers.

Les films dits de science fiction mettent en général en scène une société dans laquelle l’humain lutte pour conserver la maitrise de ce qu’il a créé. Il s’agit le plus souvent de visions pessimistes qui sont le reflet de nos propres craintes quant à notre futur.

Vous trouverez ci après une sélections de films sur le sujet.

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Les trois portes de la Sagesse

Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.

« Éclaire-moi sur le Sentier de la Vie », demanda le Prince.

« Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant, je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton cœur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi. »

Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie.

Et voici les fameuses trois portes. Sont-elles ouvertes ?

Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire:

 « CHANGE LE MONDE »

« C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas. » Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du cœur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent.

Le Roi !

Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande:

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas ».

« C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise. » Et il disparut.

Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire:

« CHANGE LES AUTRES »

« C’était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. » Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.

Le Prince !

Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :

 « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses. »

« Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir. » Et le Vieil Homme disparut.

Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots:

 « CHANGE-TOI TOl-MEME »

« Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire, » se dit-il. Et il entama son 3ème combat Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.

Le Vieux Sage (impressionnant) !

Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda:

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser. »

« C’est bien, dit le Sage. »

« Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t- il jamais? Quand trouverai-je le repos? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise. »

« C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. » Et il disparut.

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait:

« ACCEPTE-TOI TOl-MEME. »

Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens. « Quand on combat on devient aveugle, se dit-il. » Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda:

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi- même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement. »

« C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3e porte. »

A peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut:

« ACCEPTE LES AUTRES »

Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues.

Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu.

Il rencontra à nouveau le Vieux Sage qui lui demanda:

 « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement. »

« C’est bien, » dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.

Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut:

« ACCEPTE LE MONDE »

Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou son regard?

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants

Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda.

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là; il existe; c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement. »

« C’est la 3ème Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde. » Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita. « Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence ». Et le Vieil Homme disparut.

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Une colère célèbre : La colère de Zeus

Prométhée, fils du Titan Japet et de la nymphe Climène, cherche toujours à venir en aide aux hommes. L’histoire commence lorsque Zeus, s’ennuyant en haut de l’Olympe, lui demande de faire naître la vie. Prométhée confie la tâche à son frère mais celui-ci crée un homme trop faible pour survivre. Alors Prométhée, afin de donner aux créatures humaines la force de vivre, vole à Zeus un morceau de foudre, le feu sacré. La colère de celui-ci sera terrible et pour punir les terriens mortels, il leur enverra un cadeau empoisonné, une très belle femme prénommée Pandore, en grec « parée de tous les dons ». Pandore porte une jarre scellée. Elle ne doit l’ouvrir sous aucun prétexte… Cette version du mythe de Prométhée, racontée avec aisance, est illustrée avec beaucoup d’originalité.

Analyse du thème proposé

« Comment maitriser sa colère »

Cela parait évident, mais notre première réaction en prenant connaissance du texte est de comprendre de quoi il s’agit. Ensuite, il sera temps de s’exprimer sur le sujet.

Une méthode simple est de chercher à définir chaque terme du sujet. Le terme le plus important est ici Colère. Qu’est ce que la colère ? Reprenons nos souvenir de la définition :

La colère est un état affectif violent et passager, résultant du sentiment d’une agression, d’un désagrément, une frustration, traduisant un vif mécontentement entraînant des manifestations physiques ou psychologiques par une personne. Ces manifestations peuvent être incontrôlées.

Selon certains philosophes grecs, notamment Aristote, la colère peut faire souffrir celui qui l’exprime et peut être ainsi considérée comme une passion.

Différents types de colère :

La « colère étouffée » : non déclarée, elle se manifeste chez une personne se définissant comme incapable de se mettre en colère.
La « colère rentrée » ou rétro-réfléchie : non exprimée, la personne enferme sa colère en elle.
La « colère réfléchie » : liée à une réflexion personnelle, elle est déviée par la personne sur un autre objet que celui qui est lié à sa colère.
La « colère hypertrophiée (fureur) » : exprimée dans l’excès et disproportionnée par rapport à sa raison, elle peut entraîner la personne à commettre des actes violents.

Une fois l’objet colère défini, la conversation peut débuter ….

Ici il s’agit d’une colère hypertrophiée. Bonne chance aux protagonistes
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Sérieux et rire, un sujet vachement bien

La guerre des vaches : Vache qui rit contre vache sérieuse

Toutes les informations ici présentées sont rigoureusement exactes :

Le célèbre fromage la “Vache qui rit” fut créé à Lons-le-Saunier par la société Bel en 1921. Pendant longtemps il eut un concurrent sérieux nommé justement “La vache sérieuse”.

Cette “Vache sérieuse” fut commercialisée 5 ans après la sa version souriante. C’est la société des frères Grosjean, également établie à Lons-le-Saunier, qui mit sur le marché ce fromage à base de crème de gruyère qui devint très célèbre en France. On pouvait par exemple entendre des publicités à la radio pour “La Vache sérieuse” pendant le Tour de France dans les années 1950. Le slogan était le suivant: “Le rire est le propre de l’homme ! Le sérieux celui de la vache ! La vache sérieuse. On la trouve dans les maisons sérieuses.”

Le conflit à venir apparaissait donc inévitable.

La réaction de la société Bel: sortir un nouveau slogan “Le rire est le propre de l’homme… et de La vache qui rit”. Mais les ventes de la Vache sérieuse continuent de freiner leur développement. Aussi Les fromageries Bel déposent une plainte pour contrefaçon. Le point de départ d’un conflit qui allait durer 33 ans !

Une décision de la Cour d’appel de Paris en 1959 d’abord, contraint la société GrosJean à rebaptiser son fromage. La vache sérieuse devient ainsi “Le Grosjean” puis “La Vache Grosjean” et enfin “La bonne vache”.

Ensuite en 1969 elle est rachetée par le groupe Nestlé puis en 1985 par le groupe Besnier devenu Lactalis. Mais Lactalis abandonne finalement ce produit car au sein du groupe se trouve alors comme actionnaire le groupe… Bel, à hauteur de 24%.

C’est ainsi que La Vache qui rit sortit vainqueur de ce conflit fromager !

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La pyramide des besoins

La pyramide des besoins, ou pyramide de Maslow, est une représentation pyramidale de la hiérarchie des besoins, une théorie de la motivation élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow.

Certains prétendent que Maslow était égyptien.

MAS-LOTH

Version moderne

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Bonne année à tous

Mais restez prudents !

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Est-il nécessaire de séduire pour convaincre ?

La volonté de convaincre se suffit-elle à elle-même ou doit-elle recourir à des moyens qui lui sont à priori étrangers ? Est-il suffisant d’avoir des preuves, d’avoir raison, de détenir la vérité pour que les autres acceptent mon discours ou faut-il qu’en plus je les persuade, donc que j’use d’un procédé de séduction ? Si la séduction est nécessaire, alors on pourra peut-être parler de défaite de la raison. En revanche, si la raison est suffisante, alors mon discours peut être abscons, abstrait, sans fioritures ; les autres se plieront nécessairement à ce que je dis. La question concerne notre relation aux autres hommes. On pourrait aussi se demander si le recours à la séduction n’annule pas toute démarche de conviction. Dès lors, on ne convainc plus, on persuade et ce n’est pas du tout la même chose. Qu’est-ce que convaincre quelqu’un ? C’est l’amener à reconnaître, par un discours qui expose des preuves ou des raisons, la vérité d’une proposition, d’une affirmation. Ce qui suppose, d’une part, que celui qu’on cherche à convaincre est, immédiatement au moins, en désaccord avec nous, sans quoi il ne serait pas nécessaire de le convaincre, et, d’autre part, qu’on ait raison puisque convaincre, c’est faire admettre qu’on a raison. Il ne faut pas confondre persuader et convaincre : persuader n’est pas faire reconnaître la vérité d’une proposition ou d’un fait, mais faire croire quelque chose. La séduction relève plus alors d’une démarche de persuasion, car elle fait appel non à la raison mais au sentiment, à la sensibilité. En quel sens donc est-il nécessaire de recourir au sentiment pour amener quelqu’un à reconnaître la vérité et la raison de mes arguments ? N’est-ce pas contradictoire de le faire ? Peut-on convaincre sans séduire ? S’agit- il alors encore de convaincre ?

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Alexandre succède à Victor

Alexandre Soljenitsyne nous interpelle sur la notion de travail. C’est un peu ironique sous la plume de l’auteur de l’Archipel du Goulag et du Premier Cercle qui décrivent le travail forcé d’un univers concentrationnaire. Nous avons quant à nous échangé sur ce que la valeur travail représente pour l’homme.

Quelques autres citations d’Alexandre :

« Oh ! qu’il est donc difficile de devenir un homme ! Même quand on a été au front, qu’on a subi des bombardements, qu’on a sauté sur des mines : ce n’est encore que le début du courage. Ce n’est encore pas tout…  » (l’Archipel du Goulag)

 » L’ « intellectuel » est un homme que ses intérêts et sa volonté tournent vers le côté spirituel de la vie, et cela de façon stable, permanente, sans qu’il soit incité par les circonstances extérieures, voire en dépit de celles-ci. L’ « intellectuel » est un homme dont la pensée n’est pas imitative.  » (l’Archipel du Goulag)

 » Quand on est mort, c’est pour longtemps.  » (l’Archipel du Goulag)

 » Notre univers n’est-il pas une cellule de condamnés à mort ?  » (l’Archipel du Goulag)

 » Une des contraintes les plus assommantes de l’humanité, c’était que les hommes ne pouvaient pas se renouveler vers le milieu de leur vie en changeant radicalement d’occupation.  » (Le Pavillon des cancéreux)

 » Le droit chemin, on l’a barré aux gens, mais ils ne perdent pas le nord : ils contournent la barrière, et ça leur permet de vivre.  » (Une journée d’Ivan Denissovitch )

 » Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre  » (Le monde après 1945)

 » Le vrai goût de la vie, on ne le trouve pas dans les grandes choses, mais dans les petites.  » (La main droite)

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