Le symbolisme du voyage

Le symbolisme du voyage, particulièrement riche, se trouve au coeur de nombreuses légendes : Ulysse, Hercule, Ménélas, Sindbad le marin, le cycle du Graal, La Pérégrination vers l’Ouest, etc.

Plus près de nous, les écrivains, explorateurs et aventuriers (réels ou imaginaires) perpétuent la force mythique du voyage : Saint-Exupéry, Jules Vernes, Théodore Monod…

Le voyage exprime un certain rapport au temps et à l’espace. Il évoque la découverte, la progression, l’ouverture ; il se traduit toujours par un changement d’état.

Voyager, c’est partir à la découverte du monde, mais aussi à la découverte de soi-même, les deux chemins ayant vocation à se rejoindre.

Le voyage constitue toujours une aventure philosophique et spirituelle. Il permet d’éclairer les grandes questions existentielles : d’où viens-je ? qui suis-je ? où vais-je ?

La vie, dans le sens d’existence terrestre, peut se définir comme un voyage. Nous voyageons tous, tout le temps, même lorsque nous restons statiques. Nous pouvons alors nous questionner : qu’est-ce que la vie a à nous apprendre ? que peut-on apprendre de la vie ?

Le voyage évoque aussi celui de l’âme après la mort : on pense par exemple au Livre des morts des Egyptiens ou au Livre des morts tibétain. Ce peut être le chemin du paradis ou de l’Enfer, de la libération ou de la souffrance éternelle.

Nous allons voir que le voyage peut être abordé par sa dimension intérieure (connaissance de soi) ou extérieure (connaissance du monde, du cosmos, de Dieu).

Entrons dans le symbolisme du voyage et sa signification profonde.

Le voyage répond d’abord à un appel, qui peut être intérieur ou extérieur, évident ou inattendu. Ce peut être l’appel de l’autre, de la curiosité, celui de la foi ou du coeur, ou encore l’appel du destin.

Au départ, le voyage est parfois une fuite (le plus souvent née d’une insatisfaction) qui se confond avec un désir de liberté, de conquête ou de possession.

Cet état initial, immature et inconscient, évolue au fil des épreuves dans le sens d’une maturation, d’une ouverture, d’une prise de conscience. Le voyage constitue ainsi la voie de la sagesse et de la libération, dans le sens d’une libération de soi.

Par ailleurs, le voyage est toujours une plongée vers l’inconnu. A ce titre, le mot « pérégrination » évoque un voyage lointain vers des contrées mystérieuses. Le voyage se déroule sur un territoire étranger, qu’on ne maîtrise pas et sur lequel on n’a aucun droit.

D’autre part, toute odyssée comporte des risques, des obstacles, des difficultés, des énigmes à résoudre. Le mot « tribulation » traduit cette suite d’aventures et de péripéties.

Le voyageur frôle régulièrement la mort : il navigue sur des océans profonds, traverse des forêts sauvages, des déserts, double des caps, franchit des fleuves déchainés… L’omniprésence de la mort lui rappelle sa véritable condition.

Le voyage correspond toujours à une quête de soi, qu’elle soit au départ consciente ou inconsciente.

Voyager, c’est se rencontrer soi-même, ce qui rappelle le titre d’une célèbre émission de radio : Là-bas si j’y suis. Le voyage oblige en effet à se confronter au regard des autres, et donc à porter un œil neuf et plus objectif sur soi-même.

De façon générale, le voyage invite au doute. Il incite à se remettre en cause, à abandonner ses certitudes et ses préjugés.

Ainsi, le véritable sens du voyage est celui d’une déconstruction : c’est un chemin qui recule, un retour à l’état primordial, authentique. Le voyage est alors synonyme d’abandon, de dépouillement : peu à peu, le voyageur prend conscience de sa nature véritable, essentielle ; il redevient lui-même.

Le voyage est la métaphore la plus évidente de l’élévation spirituelle. Une élévation synonyme de progrès, d’évolution, de montée vers les Cieux.

Cette ascension est celle de l’âme : elle ne peut se faire qu’en abandonnant nos illusions dues à notre attachement à la matière. Il ne s’agit pas ici de rejeter la matière, mais de l’aborder sous un angle plus universel.

Dans la culture chinoise, le voyage mène vers l’Ile des immortels, l’Ile de vérité, l’Ile de pureté, ou encore vers le mont Kouen-Louen, centre et axe du monde.

Le symbolisme du voyage évoque la quête : quête de Connaissance, de vérité, de paix et d’immortalité, quête d’un trésor intérieur, ou tout simplement quête de Soi.

C’est dans tous les cas la recherche d’un point d’équilibre, d’un centre spirituel, paisible, éternel et immuable.

Cela rappelle bien sûr la quête du Graal, objet mythique que l’on associe à la coupe ayant reçu le sang du Christ, et qui correspond en fait à un état intérieur par lequel l’individu s’ouvre à Dieu.

Le Graal est un élixir qui procure paix et immortalité, puisque la peur de la mort disparaît.

En philosophie et dans les rituels ésotériques, le voyage initiatique se définit comme celui qui passe par la mort. Nous parlons ici d’une mort symbolique qui correspond à l’abandon des certitudes et de l’ancien « moi ».

L’initiation évoque le franchissement d’une porte : c’est opérer une métamorphose, c’est passer d’un état à un autre, s’ouvrir et grandir.

Le voyage initiatique est au coeur de la symbolique maçonnique : il est le moteur de la progression de l’initié.

C’est en effet en accomplissant plusieurs voyages que le néophyte pourra accéder, s’il y est prêt, aux secrets de la Connaissance.

Sur le chemin, il sera invité à abandonner ses passions ainsi que les certitudes attachées à sa zone de confort. Il entrera dans une nouvelle démarche consistant à marcher de la périphérie vers le centre : le centre de Soi. Certes, la voie est ponctuée d’obstacles et d’épreuves, mais le néophyte pourra compter sur l’aide et le soutien des mains fraternelles.

Comme dans la plupart des rites religieux, le voyage maçonnique s’accomplit en trois grandes étapes :

  • la préparation,
  • l’épreuve à vivre, qui se solde par une mort symbolique,
  • et la renaissance.

Le voyage maçonnique évoque aussi le processus de transformation alchimique.

Au final, le voyage représente l’épreuve qu’il faut traverser pour accéder au centre caché en soi, point de vérité ultime.

Il s’agit donc d’un voyage intérieur, qui consiste à traverser le chaos de notre univers mental. Le voyageur devra déchirer le voile de ses illusions pour enfin oser se regarder en face… au-delà de l’épreuve, il y a la promesse d’un éternel bonheur.

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